Aujourd’hui il me reste peu de choses à finir et que je compte faire dans la matinée afin que tu sois forcé de m’en donner d’autre chapitre à copier. Si je n’avais pas eu cette bête de souffrance, il y a longtemps déjà que ce serait fait et que je saurais les tristes aventures de mon pauvre Jean Tréjean. J’ai une peur affreuse que tu ne le rendes trop malheureux. Je sens bien que c’est dans l’intérêt de tous ces pauvres parias que tu accumules tant de douleurs et tant de misère sur un pauvre être que le bon Dieu avait fait primitivement bon et inoffensif. Mais cela aura l’inconvénient de serrer le cœur et de navrer l’âme de ceux qui te liront, si j’en juge d’après ce que j’éprouve.
[Letter written in Paris, 18 décembre [1846], transcribed by Nicole Savy; available at Juliette Drouet: Lettres à Victor Hugo.]